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Terminal, 25 ans de critique technoïde

samedi 7 janvier 2006, par Fil

Pour son 25è anniversaire, la revue Terminal (www.terminal.sgdg.org) fait un retour, dans un numéro spécial, sur un quart de siècle de critique de l’informatique.

Parfois, ça tourne un peu en rond, car chaque contributeur prend soin de rappeler les moments forts de cette revue militante — notamment la lutte contre le projet de loi SAFARI, qui visait à ficher tous les Français, et qui avait justifié, en retour, la mise en place de la Commission informatique & Libertés (CNIL). Dommage, d’ailleurs, qu’il n’y ait pas un article qui rappelle en détail ce projet, qui paraîtrait aujourd’hui bien inoffensif, mais qui avait à l’époque soulevé des protestations qu’on n’entend guère aujourd’hui face au fichage généralisé, déconcentré mais intégré, qui est notre lot quotidien, de Sesam-Vitale à la carte d’identité biométrique.

La revue, qui était initialement titrée Terminal 19/84 en hommage au roman d’Orwell, évoque même la possibilité de reprendre ce titre tant le « contrôle social soft » a désormais gagné, dans les faits comme dans les esprits.

Mais Big Brother (ou sa variante soft, Little Sister) n’est pas le seul thème de ce numéro. On pourra y retrouver, en fac-similé, de nombreux articles d’époque [1], suivis d’un commentaire de leur auteur original.

L’un d’entre eux [2] soulève un point qui reste central, et qui n’est quasiment jamais plus abordé dans les médias : celui de la « technophobie » au sens non pas d’un rejet de la technique, mais d’une simple incapacité à l’utiliser, équivalente à la photophobie de ceux dont les yeux sont trop fragiles. En faisant le compte des capacités exigées par l’informatique — abstraction, interactivité, vitesse, diagnostic, auxquelles s’ajoute, avec Internet, la capacité à gérer la surcharge informationnelle —, Yves Lasfargue établit qu’environ 30 % de la population sont rebutés par l’un ou l’autre de ces aspects, et finissent par se sentir exclus et humiliés de devenir ainsi proprement handicapés par l’informatisation à outrance.

Un exemple donne la mesure de la difficulté. Le secteur bancaire a su informatiser ses guichets en multipliant les systèmes d’interaction : le guichet, le distributeur de billets, le kiosque téléphonie, le site internet, la poste, etc. Mais quand on sait qu’un échange en vis-à-vis avec un guichetier réel coûte à la banque 75 €, alors qu’un accès à ses comptes par internet lui coûte 1 ct d’euro, il va devenir très difficile de maintenir un accès égalitaire à ce genre de services quotidiens.

Notes

[1] Ils sont aussi disponibles sur le site de la revue à l’adresse www.terminal.sgdg.org/navigation/fr...

[2] « 7 millions de technophobes », à télécharger en PDF